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RIS DE MOTS
30 août 2022

"Je vais écrire"... Jean Barbé...

page blanche

J’écris.

Ou plutôt je vais écrire.

Jean Barbé

   

         Je vais écrire parce que j’ai reçu un message de Dan, mon verbivore préféré, m’informant de sa rechute. Il s’est donc coincé derechef dans la toile et avec l’obstination de l’araignée du soir, celle de l’espoir, il invite les pattes de mouches des uns et des autres à venir se prendre dans les lignes de son nouveau blog.

Je vais donc écrire. Je ne sais trop quoi. Et en écrivant « quoi » je ne peux m’empêcher, pour la rime peut-être, d’ajouter « pourquoi ». Pourquoi donc écrirai-je je ne sais trop quoi ? ça n’a pas vraiment de sens et il me semble presque légitime d’écrire que je ne vais pas écrire.

Mais je vais écrire.

 J’évite l’azerty qui me coupe toujours la chique avec ses lettres sans jamais d’autre forme ni d’autre taille que celle qu’elles ont sous la police appliquée. « Police » ai-je écrit ? Et je comprends à l’occasion pourquoi j’ai du mal à rédiger avec ce clavier.  Alors j’ai pris une feuille de papier légèrement orangée, vierge mais pas blanche. Déjà que je ne sais pas quoi écrire, la page blanche pourrait bien sublimer mon angoisse. J’en ai déjà écrit des chapitres et des versets sur mes angoisses et ce n’est sûrement pas à ce propos que je vais écrire à présent. D’ailleurs à la seule idée que ce que je vais écrire sera sans doute lu par des bonnes âmes prêtes à y aller de leur critique, feutrée ou vipérine, suffit amplement à réveiller mon angoisse sans que j’ai besoin d’écrire pour la ressentir et la décrire.

Je vais écrire.

J’attends cette inspiration étrange qui vous tombe parfois dessus sans crier gare. Elle vous court alors entre les oreilles et oblige votre main vers le stylobille. Oui c’est étrange l’inspiration. La plupart du temps on ne l’a pas sollicitée, elle vient de nulle part ou de beaucoup trop loin pour qu’on l’ait sentie approcher. Elle vous investit sèchement les méninges comme une écharde vous rentre dans la plante du pied. « Aïe ! » c’est le premier mot qui vient mais il en faut beaucoup d’autres, des communs et des rares, des beaux et des tartignoles, colonisés dans une syntaxe appliquée pour mettre en page, comme avec une pince à épiloguer, doucement, peu à peu et ligne à ligne, un déferlement de quatre vérités ou le tableau clinique d’une grave cardiopathie amoureuse et passionnelle. L’inspiration n’est que le spermatozoïde qui percute l’ovule cérébral dans lequel, sans que vous vous en rendiez compte, ont été pêle-mêle mis au couvoir vos peurs et vos émois, vos phantasmes et vos douleurs, vos moments de solitude. Je crois vraiment à cette maïeutique.  C’est sans doute pour ça que je suis plus à l’aise pour expulser un poème qui lâche une sorte de premier cri qu’à accoucher d’un roman nécessitant des contractions et des respirations accélérées pour en venir à bout.

Quand l’inspiration me tombera dessus je vais écrire. Ça fait un certain temps et un temps incertain que je l’attends à la limite du présent. Je vais écrire, mais ce n’est pas parce que je sais écrire que je peux écrire, même si je le dois. Ecrire pour raconter ma vie comme elle va bien ou mal alors que j’ai mes copains du bar « chez Yvon » qui peuvent bien faire semblant de m’écouter ? Je n’ai pas besoin de cette forme de journalisme égocentré qui prend à mots choisis des airs de littérature pour écrire des choses banales ou décrire un chosier de banalités. Quant à écrire pour raconter les frasques du Père François avec la femme du chef de gare, j’aurais beau soigner mon lexique et ma grammaire et en faire un roman à chahuter le Goncourt, je ne ferai que reprendre une histoire de cocus.

A ce moment ma page de couleur est couverte de petits dessins informels, des traits et des pâtés dans les angles. Ils sont assez jolis, surtout là où l’encre bleue a bavé sur l’orange  mais les quelques mots que j’ai écrits pour dire que j’allais écrire sont plutôt ridicules et cette garce d’inspiration ne veut toujours pas me tomber dessus.

Mais comme c’est pour Dan, je vais écrire. Demain, je vais écrire.

 

Jean Barbé

 

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Commentaires
S
Quel talent !<br /> <br /> Pour moi, le seul moment d’inspiration est durant l’endormissement. <br /> <br /> Malheureusement le lendemain, pfff, il n’en reste plus rien. Dommage !<br /> <br /> Sinon la journée, il y a la petite voix intérieure style rumination sans aucun intérêt, mais impossible de lui clouer le bec…
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A
OUI!<br /> <br /> EXTRA!<br /> <br /> 666comme toujours
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D
Jean est inconcevable !!! hahaha !!!
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